Les questions non-formulées sont des phrases prononcées sur le ton de l'interrogation mais sous la forme de l'affirmation. Elles sont extrêmement courantes. Un parent à son enfant, le matin avant de partir à l'école :
« Tu as pris ton cartable ? »
En contexte professionnel, un manager à un employé :
« Vous avez fait ce que j'ai demandé ? »
Très courantes donc, nous les employons tous et souvent de façon instinctive. Mais sont-elles efficaces ? Sont-elles exemptes de conséquences ? D'inconséquences ? Pourquoi un tel mésusage de la langue ? Dans quel but et pour quel résultat ?
Poser une question à l'autre revêt toujours quelque chose d'intrusif : je te demande si... je vous demande de... Bien souvent, nos questions sont inutiles (nous en connaissons déjà la réponse) ou improductives (la réponse a une chance sur deux d'être insatisfaisante). La nature même du fait interrogatif démontre notre dépendance à l'autre : j'attends une réponse. Si cette question est liée à un besoin personnel, il est tentant de masquer notre demande par un biais d'oralité aussi faiblement identifiable que possible : l'intonation.
« Comment ça va ? »
Une formule apparemment banale pour saluer quelqu'un et ouvrir une conversation. Elle est encore plus apparemment sympathique, voire empathique, mais examinons-la :
Comment
Un adverbe – ces mots froids et excessifs – suggérant la question par nature, sans même la nécessité d'un point d'interrogation. Contient l'idée d'impérativité. Son sens plus courant contient l'idée de curiosité. Si on considère l'impérativité et la curiosité, on peut dire qu'il a quelque chose d'intrusif.
C'est aussi l'ennemi du pourquoi. Le comment cherche à décrire sans expliquer, appliquant un regard froid sur les événements.
Dans d'autres cas d'usage très courant, il contient l'idée de perplexité, soit d'incompréhension, voire de désaccord.
Ça
Le pronom impersonnifiant par excellence, presque insultant.